dès le VI ème siècle avant J.-C, l’orfèvrerie est rehaussée de pâte de verre travaillée en petits éléments maintenus par des fils d’or, selon une technique assez voisine du cloisonné classique.
LES CELTES,
au IIIème siècle avant J.-C, coulent l’émail dans des cavités moulées en creux, sur un support en bronze, première amorce de la technique du champlevé.
BYZANTINS ET BARBARES,
du haut Moyen Âge affinent les diverses techniques, cloisonné et champlevé. Ils diffusent en Occident un graphisme, le goût des couleurs vives et des thèmes iconographiques durables. L’émail est alors largement utilisé pour les bijoux, les plaques de ceinturon, les objets religieux…
AU MOYEN ÂGE, L’OEUVRE DE LIMOGES,
produit en masses des pièces de cuivre champlevé et cloisonné:
châsses reliquaires, crosses, plaques, colombes. Les ateliers stimulés par la renommée de l’abbaye de Saint-Martial, font de Limoges l’un des foyers principaux de l’émaillerie européenne. C’est au Xème siècle que le cuivre, moins onéreux, se substitue à l’or auquel resteront fidèles les atelier orientaux.
AUX XVe-XVIe SIÈCLES, LES ÉMAUX PEINTS,
rompent avec les techniques précédentes et s’intègrent au grand mouvement qui emporte toutes les branches de l’art dans la Renaissance. Après une éclipse d’un ou deux siècles, Limoges retrouve au XVIe siècle, grâce aux émaux translucides et au travail à l’aiguille, une place unique en Europe. Parmi les dynasties d’émailleurs, les Pénicaud, les Noailher, Courteys, Laudin… il faut citer Léonard Limosin, le plus illustre des émailleurs de Limoges, Venise puis les ateliers de France. Seuls en Europe avec Limoges, Venise puis les ateliers russes continuent alors de travailler une matière que la céramique détrône peu à peu.
AUX XVIIIe ET XIXe SIÈCLES,
triomphe la miniature peinte pour des tabatières ou des cadrans de montres. Limoges entre en décadence et seuls quelques rares ateliers poursuivent une production toute locale. C’est à Paris, à Genève et à Moscou que travaillent les artistes et que réside la clientèle. Peinture sur porcelaine et miniature sur émail rivalisent de finesse dans le détail et dans la qualité du dessin.
AU XXe SIÈCLE,
l’émail est dans toute sa gloire en France et ailleurs. A Saint Pétersbourg, un orfèvre, Carl Fabergé, rompt avec l’art populaire et lance, à l’intention d’une clientèle fortunée, la vague des objets en argent guilloché couverts d’émaux translucides de couleur. Artistes, orfèvres et créateurs de bijoux jonglent alors avec les techniques et exploitent toutes les ressources de la plaque à jour, plaque d’émail translucide cernée de métal.
A LIMOGES,
l’émaillerie ressuscite après une longue éclipse. Relancée par des amateurs passionnés tel que Léon Jouhaud et par les peintres sur porcelaine, la profession d’émailleur occupe aujourd’hui des dizaines d’ateliers qui ont crée un genre, l’émail « traditionnel ». Des créateurs avides de nouveau ont lancé en 1971 la Biennale internationale « l’Art de l’Émail ». Elle a redonné à Limoges son rôle de carrefour.
AUJOURD’HUI, DANS LE MONDE,
l’email est pratiqué par des dizaines de milliers d’amateurs à titre de passe-temps. Il est surtout redevenu un support de création dans lequel s’investissent à nouveau de très grands artistes.
LES TECHNIQUES
L’émail est un mélange de silice, de minium, de potasse et de soude.
Par la fusion à haute température de ces différents composants, on obtient après broyage une poudre incolore, appelée « fondant » qui, par sa nature, s’apparente d’avantage au cristal qu’au verre.
La coloration du fondant s’obtient par addition d’oxydes métalliques réduits en poudre.
L’art de l’émailleur consiste à fixer la poudre d’émail sur son support métallique par des cuissons successives de l’ordre de 800 degrés. Divers métaux, l’or, l’argent, le bronze, le cuivre peuvent constituer le support de toute pièce émaillée.
L’ÉMAIL CHAMPLEVÉ
(de: lever le champ)
Des cavités sont creusées dans l’épaisseur du métal à l’aide de burins et d’échoppes. L’émail en poudre humide y est déposé et subit des cuissons rapides. La couleur se retrouve alors cernée par le métal que l’outil à épargné, d’où le nom de « taille d’épargne » qui s’applique également à cette technique. Des ponçages de plus en plus fins élimineront dans un premier temps l’émail excédentaire puis redonneront au métal le poli nécéssaire. Une dorure par électrolyse donne à la pièce son aspect définitif et la rend inaltérable.
Une variante de cette méthode, appelée pseudo-champlevé, consiste à fixer une plaque d’émail, percée et ajourée, sur une deuxième plaque, qui lui sert de fond. Les cavités seront remplies selon la technique champlevée classique
L’ÉMAIL CLOISONNE
L’effet obtenu s’apparent au champlevé et se confond quelquefois avec lui, mais la technique est très différente. On fixe par soudure, sur une plaque, de fines bandelettes de métal (or, argent, cuivre). Celles-ci déterminent une multitude d’alvéoles qu’on remplit d’émail et qui constituent souvent les traits du dessin.
L’ÉMAIL DE BASSE-TAILLE
La plaque support est finement travaillée ou « guillochée » par gravure, martelage ou ciselage. Elle est ensuite couverte d’émaux translucides opalescents qui permettront de mystérieux et chatoyants jeux de transparence.
L’ÉMAIL PEINT
La plaque, préalablement bombée pour éviter les déformations, est recouverte de fondant sur ces deux faces. Elle subit une première cuisson. L’envers sera ainsi protégé des attaques du temps, et l’endroit préparé pour recevoir le décor. Ce dernier s’obtient par la superposition de nombreuses couches d’émail coloré, déposé à la spatule, fixé par autant de cuissons.
Des couleurs vitrifiables, broyées suffisamment fin pour être maniées au pinceau, permettent de rehausser certains détails. De même l’interposition de minces feuilles d’or ou d’argent appelées « paillons » confère à la couleur un éclat particulier.
ÉMAUX DE PLIQUE
La plaque est percée de part en part et ainsi « ajourée ». L’émail est logé dans ces ouvertures et l’effet obtenu est alors comparable à celui du vitrail mais sur des formats beaucoup plus réduits cependant.
Beaucoup de bijoux sont en « plique-à-jour »
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